Lors de l’événement sur le parcours de financement d’une entreprise innovante, Guillaume Picot, chargé d’affaires innovation chez Bpifrance nous a présenté les différentes solutions de financement des entreprises.
On revient dans cet article sur une vision d’ensemble des grands points abordés pendant l’événement : qu’est-ce que l’innovation, quels sont les acteurs, les moyens, les pratiques, qui peuvent vous permettre d’y voir plus clair dans tout cet écosystème.
Qualification de l’innovation
Avant de rentrer dans le vif du sujet, si nous rappelions à quoi correspond réellement la notion d’innovation.
L’innovation peut être définie comme la mise en œuvre
- d’un produit (bien ou service),
- ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré,
- d’une nouvelle méthode de commercialisation
- ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, du lieu de travail ou des relations extérieures.
Dans ce sens, l’innovation est donc une démarche dont le but est de créer une valeur économique, une offre nouvelle, qui doit répondre à une demande du marché. L’innovation n’est pas forcément technologique. Différents contextes doivent être pris en compte : le temps, la zone géographique, le contexte juridique, le contexte social…
L’innovation peut être incrémentale (amélioration de l’existant) ou radicale (création d’un nouveau marché).
La création d’une nouvelle offre implique que le processus sera plus long, plus coûteux et donc plus risqué, car on n’est pas sûr de réussir à proposer ou à vendre notre innovation. C’est pour cela qu’il est important de trouver des partenaires financiers qui ont conscience de ces facteurs.
Lorsque l’on se lance dans une démarche innovante, il faut bien avoir ces questions en tête :
Facteurs de succès :
- Conserver le lien fort entre service innovant et marché.
- Penser avec une logique d’offre complète et pas seulement un produit unique.
- Prendre en compte les besoins du client (ce qu’il exprime) et ses attentes (les besoins non exprimés)
- Nommer l’innovation, car on parle de quelque chose inhabituel, parfois déroutant
- Agilité, adaptabilité
- Changer de point de vue et s’adapter à son marché
Facteurs d’échecs principaux :
- Le marché et le risque de client unique
- Un partenariat défaillant
- La sous-capitalisation donc pas assez de fond pour aller au bout du produit
- La modification de l’environnement (technique, réglementaire, marché…)
- Mais finalement assez peu souvent l’échec technologique pur
La solution à toutes ces causes d’échec reste la capacité à s’adapter au marché, à bien cibler sa clientèle et à être conscient des risques externes.
L’aide de Bpifrance dans le parcours de financement
Dans ce parcours de financement, Bpifrance peut vous aider et vous accompagner dans le financement de votre entreprise. En effet, Bpifrance est une banque de financement, d’investissement et d’accompagnement, publique, qui aide notamment les projets innovants. De ce fait, Bpifrance est située au cœur de l’écosystème (entrepreneurs, état et politique publiques, financement comme les banques, la recherche et l’université, l’accompagnement comme les accélérateurs, les incubateurs …)
En quelques chiffres, sur tous les métiers (financement, garantie, innovation, export…) il s’agit en 2016 de :
13.6 Mds de financement direct (dont 1,3 Mds en innovation)
8.4 Mds de prêts bancaires garantis
85000 entreprises accompagnées
Bpifrance est détenue par la Caisse des Dépôts et l’Etat. C’est à la fois un pôle financement et un pôle investissement présent dans toutes les régions, ce qui a un impact puisque 90% des décisions sont prises en régions. Elle accompagne les TPE, PME, ETI, GE dans toutes les étapes de la vie de leur entreprise.
Tel un couteau suisse, Bpifrance est :
- Un outil d’innovation de la création jusqu’à la maturation.
- Un outil de cofinancement avec les banques privées.
- Un outil de garantie à tous stades d’une entreprise.
Bpifrance intervient à la fois sur :
- Le métier des fonds propres : Bpifrance investit en direct dans des sociétés en Capital Développement (5 à 100 millions d’euros) l’état est actionnaire à travers Bpifrance. En indirect, Bpifrance investit dans des fonds partenaires, augmentant ainsi leurs capacités à intervenir dans les entreprises. Au niveau mondial, Bpifrance est ainsi le fonds souverain le plus actif dans la tech, en nombre d’interventions.
- Les métiers de l’export : gamme de financement et de services pour l’export avec Business France et Bpifrance Assurance Export (ex-Coface).
Véritable banque de proximité, Bpifrance se veut différente. Et ça marche, puisque les entreprises qui bénéficient de son financement ont une croissance et un taux d’embauche plus élevé que la moyenne.
Les outils de financement de l’innovation chez Bpifrance
4 grands principes :
- Financement par projet (=besoin financier pour un objectif à atteindre)
- Dépenses non engagées (è incitativité)
- Financement partiel du projet (40% à 70%)
- Partage de risque privé/public (fonds propres)
Les acteurs de l’écosystème de l’innovation en France
Bpifrance est un acteur du financement de l’innovation, qui peut donc répondre à un besoin financier. De nombreux partenaires sont à rencontrer pour vous aider dans votre projet de création/développement innovant.
Avant la création :
- Les incubateurs : structures d’accompagnement pour des projets de création d’entreprise. L’incubation est généralement une phase de maturation assez longue 3 à 12 mois. L’objectif est de valider la pertinence de la création d’entreprise (validation technique, juridique, marché…)
Exemple d’incubateurs : Normandie incubation, Incubateur Neoma …
- Les accélérateurs : ils concernent les entreprises plutôt que les porteurs de projet, qui souhaitent accélérer leur croissance pour débuter. Il s’agit généralement de structures privées composées d’un réseau de chefs d’entreprise. L’accélérateur permet notamment de préparer aux levées de fonds.
Exemples d’accélérateurs : Nfactory, FFWD (public), The family, 50 Partners…
- Les pépinières d’entreprises : il s’agit de lieux d’émulsion autour de la création d’entreprise (hébergement + services).
Exemples de pépinières : Seine Innopolis, Seine Créapolis, Seine Biopolis, Seine Ecopolis, Seine Actipolis
- Les agences régionales : elles sont portées par les régions et ont pour but de promouvoir, soutenir et accompagner l’innovation.
- Les chambres de commerce et de l’industrie : elles accompagnent les entreprises tout au long de leur vie.
- Le réseau initiative France : 1er réseau associatif d’accompagnement/financement des créateurs d’entreprises.
- Le réseau entreprendre : réseau de chefs d’entreprise qui accompagne, mentor et coach les créateurs et repreneurs de PME.
Acteurs privés du financement :
- Les business angels : ce sont des investisseurs privés qui misent tôt dans une start-up. Les business angels sont souvent des chefs d’entreprises qui souhaitent participer au développement de projets entrepreneuriaux.
Exemples de Business angels : Normandie business angels, réseau France angels…
- Les fonds d’investissement : des entités publiques ou privées qui investissent en fonds propres dans une société porteuse de croissance via des capitaux nécessaires au développement.
- Les banques : aujourd’hui les banques sont de plus en plus nombreuses à accompagner les entreprises dans l’innovation, au travers de conseillers dédiés.
Acteurs publics de financement :
- Pôle emploi : 50 % des créations d’entreprises viennent des demandeurs d’emploi
- Bpifrance : voir plus haut
- Avantages fiscaux et sociaux : le CIR et CII
En résumé :
- Avoir une vision concrète et réaliste du développement de l’entreprise.
- Toujours avoir une approche des coûts de développement.
- Ne pas sous-estimer les frais de communication/commercialisation.
- Prendre connaissance des dispositifs existants afin de les solliciter au bon moment.
- Garder en tête que c’est l’argent privé qui fait le projet, pas le public. Les financements publics permettent d’accélérer le projet et le réaliser plus complètement et plus rapidement.
- Solliciter les financements quand les fonds propres sont au plus haut.
- Anticiper les tensions de trésorerie bien en amont.
- Ne pas se perdre dans des démarches de financement qui n’avancent pas : il faut privilégier avant tout le business. Si les marques d’intérêts du marché sont là, les financements suivront.
A éviter :
- Rester isolé : l’écosystème est dense et accessible
- Se consacrer essentiellement à la recherche de financement en délaissant le business.
- Ne jamais se remettre en cause (agilité).
… mais ne pas non plus déformer totalement le projet pour l’adapter à des dispositifs de financement.
- Aller voir les financeurs avec un beau produit totalement autofinancé, mais sans fonds propres et sans visibilité de trésorerie.
Il ne vous reste plus maintenant qu’à franchir le pas et à trouver le bon organisme qui saura vous accompagner!